Ivo Vodseďálek est décédé le 19 septembre 2017 à l’âge de 86 ans. Co-fondateur, avec Egon Bondy, des éditions clandestines Edice Půlnoc, il a créé, dans les années 1950, la poésie embarrassante. Auteur de plusieurs recueils de poèmes entre 1949 et 1989, de deux proses publiées conjointement par Revolver Revue (Calvaire et Compensation), il a également publié des mémoires intitulées Félixir de Vie. Il était aussi artiste, auteur de collages et depuis 1991 avait une société de vols en montgolfières.
Voici un poème tiré de son premier recueil : Le rasoir d’Oedipe (1949).
On ne peut pas ne pas écrire de poésie
et bien que cela semble une banalité crue
bien que ce soit le simple cliché d’une psyché sans espoir (il assume la forme d’une statue antique
que j’ai suspendue dans un coin de ma chambre)
Bien que l’on oublie le lyrisme de l’automne
et l’absence d’issues du dix-huitième printemps
on va pourtant au travail dans l’allégresse :
La musique militaire est très précise
c’est pourquoi nos pensées peuvent être vives
Nous serons courtois les uns envers les autres
et nous autoriserons de bonne grâce une chanson
« Vont les soldats Vont les soldats vont Oh mon dieu ! Que c’est beau ! »
Nous qui n’avons pas oublié la belle Madone aux yeux en amande
avec une grande délectation sentons dans nos bouches l’amertume de l’amande lorsque nous nous disons :
famille caserne commissariat usine
et hôpital psychiatrique
Traduction : Eurydice Antolin
Le freux voyageur 